mardi 13 février 2018

Lire : février et ses raclées



Le « syndrome de février » est un phénomène beaucoup plus puissant que nos faibles tentatives pour l’accepter ou y résister. Au moins autant que n’importe quel autre, le plus court de tous les mois est une force de la nature, et il vous file une sacrée raclée. Je l’ai sentie – cette tristesse pesante – me tomber dessus sans prévenir, m’envahir pendant plusieurs semaines – comme un parasite qui s’est invité tout seul -, surgir sans crier gare alors que quelque temps plus tôt je nageais dans le bonheur, ou bien s’infiltrer lentement précédée par des jours ou même des semaines de murmures indistincts suivis de palpitations erratiques.

Cette tristesse vient quand elle vient et, à mon humble avis, elle vous atteint que vous soyez fort ou faible, gai ou maussade. Quand on a vécu sur les hauteurs de cette merveilleuse contrée suffisamment longtemps, elle revient presque chaque année – parfois en octobre, novembre, décembre ou janvier, d’autres années pas avant mars, mais la plupart du temps – pour ce que j’en sais – en février.

Rick Bass, quelqu'un qui est "capable d'échouer dans l'exécution de n'importe quelle tâche mécanique", sait en revanche superbement décrire, de manière simple et concrète, la mélancolie qui vous saisit quand la lumière manque (et la lumière, ou tout autre type de stimulation vitale, peut apparemment vous faire défaut à tout moment en hiver). En le lisant, on en arrive à prendre son spleen en patience tandis que les brises viennent de toutes parts vous effleurer les joues .

Le journal des cinq saisons, folio, Gallimard, p.78

2 commentaires:

  1. Coucou ma Dad. Sans doute ai-je la chance de vivre dans une contrée très ensoleillée. Mais mes souvenirs de cette brume tenace sur le plateau durant l'hiver me rappellent combien je détestais cette période. Comme si je suffoquais. J'espère que la tristesse va disparaître, petit à petit. Les oiseaux chantent-ils le matin chez toi? Bises alpines.

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  2. Coucou chère Dede, je suis en train de soigner mon spleen à Paris : neige, cheesecakes et cinéma. Ça semble marcher! Belle soirée à toi! D.

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