dimanche 10 décembre 2017

Voir/Ecouter : quand Robert parle de Pier Paolo


La Villa / Anaïs Demoustier, Ariane Ascaride, Jean-Pierre Daroussin ,Gérard Meylan

Il y a des séances dont on sort l’âme ennoblie, le cœur un peu plus grand. On quitte la salle un peu triste, un peu à regret, comme on prend congé d'une maison amie
Tous ces personnages, au fond, portaient en chacun d'eux quelque chose de moi, que je ne voulais pas abandonner. J'aurais voulu savoir ce qu'allaient devenir leurs espoirs, leurs peines et leurs projets. J'aurais voulu rester là-bas pour les encourager, leur dire d’y croire et de foncer. Je suis finalement sortie de la salle, tandis que mon cœur restait dans la Villa.

Robert Guediguian était reçu à l’Heure bleue à l’occasion de la sortie du film. J’adore son accent mélodieux, sa manière apaisée de persister à dire ce qu’il a à dire. Quand il a parlé de Pasolini, j’ai su que, définitivement, les amis de nos amis sont nos amis.


L.A.  [après un extrait d'archive où PPP parle de son rôle d'intellectuel]  : Pasolini, ça a été un coup de foudre, pour l’écrivain, le poète et le cinéaste ?
R.G : Ce qu’il dit là, je trouve ça formidable. Il reprend grosso modo l’idée de Gramsci, de l’intellectuel organique. C’est-à-dire qu’un intellectuel ne peut pas être dissocié de la mise en pratique de ses idées. Donc il faut qu’il fasse partie d’un syndicat, d’un parti. Il faut qu’il ait des liens étroits avec les mondes, les mondes qui existent, les pratiques sociales.
Probablement pour ça, comme il le dit, et même avec des désaccords, j'étais dans le parti communiste, forcément. Parce que dans ce parti-là, j’adorais les réunions que nous faisions ensemble où il y avait un ingénieur, un instituteur, un plombier. C’est exceptionnel, ces rencontres de la société civile. Et c’était là qu’il fallait avancer sur des idées et prendre des idées. Analyser. Un va-et- vient intellectuel, à l'intérieur des masses. [...]
Et puis après, bien sûr, je pense que c’est un des plus grands artistes du 20ème siècle. La capacité qu’il a eu à s’exprimer de toutes les manières. Je l’ai d'abord rencontré comme écrivain, j’ai d’abord lu ses romans, puis ses poèmes. Et puis, je me suis aperçu qu’il avait fait des films. Un jour, par hasard d’ailleurs, je suis allé voir un film qui s'appelait Théorème, et je me suis demandé si c’était le type qui avait écrit "Une vie violente", "Ragazzi di vita". Et puis après, j’ai tiré le fil, c’est un peu obsessionnel. Donc, j’ai lu tout Pasolini. Je connais les lieux où il a vécu.C’est devenu, sans que je l'aie jamais rencontré, un compagnon de route, un maître. Je me demande toujours ce qu’il aurait pensé, ce qu’il aurait dit.

L'Heure bleue / Laure Adler / 29.11.2017

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