jeudi 17 août 2017

Vivre : les non non-dits


Madame J.A.D. Ingres, née Madeleine Chapelle  (détail)  / Jean-Auguste-Dominique Ingres / coll. Bührle


S’il est une chose qui me peine et me met en rage tout à la fois, c’est qu'on me refuse quelque chose sans me le dire en face. 

Demander, c’est être en vie. C’est oser, c’est risquer. Demander, c’est toujours s’exposer.
Par conséquent, apprendre à essuyer un refus est une compétence fondamentale, qu’il s’agit d’acquérir pour se permettre d'être en... envie.
(Nos envies nobles ont besoin d'être reconnues, nous devons leur permettre autant que possible de se réaliser).
Il n’est jamais vraiment agréable de s’entendre répondre : « non » quand on s’est risqué à demander (et disons qu’il y a mille façons, plus ou moins douces ou cruelles, de l'exprimer ce « non »). Mais ça vaut toujours le coup de risquer.

Ma rage et mon chagrin ne viennent pas du refus lui-même (Il y a une multitude de « non » directs que j’ai bien encaissés). J’ai beaucoup de difficulté en revanche avec les refus lâches : quand on pratique l’esquive, qu’on se débine, plutôt que d’assumer franchement, clairement sa réponse négative. Oui, dans ces cas, le manque de courage de la personne sollicitée a le don de me blesser. Je le ressens comme une gifle, comme un manque de respect.

Mes émotions me signalent que je n'ai plus à prendre sur moi la faiblesse ou la lâcheté d'autrui.  Et tant que la leçon n'aura pas été apprise, elles viendront me le rappeler.



Accepter ce qui est
Acceptation ne signifie pas, quels que soient les efforts d’imagination qu’on déploie, résignation passive. Bien au contraire. Il faut énormément de courage et de motivation pour accepter ce qui est – en particulier quand ce n’est pas à notre goût – et pour travailler le plus consciemment et le plus efficacement possible sur notre situation, avec les ressources à notre disposition, pour établir des liens de sagesse avec ce qui est – ce qui peut signifier, à un moment donné, atténuer, guérir, rediriger ou changer ce qui peut être changé.


Jon Kabat-Zinn

2 commentaires:

  1. Ton billet du jour me renvoie au passé. Cherchant à avoir des réponses pour analyser une situation complexe dans ma vie privée, j'ai demandé. Avec la boule au ventre de connaître la réponse. Mais je n'en ai pas eu de très claires... comme si la vérité est difficile à dire pour certaines personnes. Alors je n'ai eu qu'à accepter ce qui me semblait au début inacceptable. Et cela a été le début d'un processus difficile. Accepter ce qui est n'est pas simple et demande des efforts. Et puis un jour, tout s'atténue. Bises alpines.

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  2. Oui, les refus que nous recevons au présent nous ramènent à des refus passés. Et c’est peut-être ça qui fait mal, en fait. A vrai dire, ce « non » non exprimé en face, c’est un petit « non », pas grand-chose si j’y pense en regard à tous les refus reçus. C’est peut-être pour ça que je voudrais apprendre à encaisser, à accepter, sans souffrance, sans attente que la douleur s’atténue, mais en la vivant comme une douleur passagère et en la laissant partir sans plus de problèmes. Bref, apprendre que les autres ont le droit d’être ce qu’ils sont, qu'ils ont leurs raisons, les laisser être lâches ou timorés, sans que cela m’affecte plus que ça… je me dis que c’est une sacré force, d’acquérir cette compétence-là. Belle fin de journée, Dédé! Take care!

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