dimanche 25 juin 2017

Vivre : petite scène de vie conjugale



Quelque part en Toscane

Je vois dans la rue cet homme encore jeune, le visage buriné, qui tend sa casquette à la sortie d’un grand magasin. Pourquoi ai-je envie – presque besoin – de lui donner quelque chose ? Sans doute parce que, dans sa demande, il garde  un air digne. Il se tient sobre et silencieux. Noble. Parce qu’il y a tous ces sacs, au moins cinq, six, suspendus à son vélo, appuyé contre la façade.


Je m'interroge, comme toujours: d’où vient-il, quelle est son histoire ? Mais, j'hésite. Je suis chargée de nos courses. Il fait chaud et lourd. Mon porte-monnaie est tout au fond de mon cabas. Je ne suis pas sure d’avoir suffisamment de piécettes, j’ai tout dépensé au marché. Et puis… il y a tellement de musiciens, de mendiants en ce samedi…non, finalement,  j’avance.
J’avance tout en regrettant d’avancer.

Je le dépasse. Je fais un pas, puis deux, puis trois.

Et j’entends R. à côté de moi me dire : attends, je veux juste aller lui donner une pièce, à l’homme, là, derrière sur le trottoir.

Plus tard, je demande à R. : pourquoi? A cause de son vélo. C’est un voyageur.

Certes, on aime les gens pour leurs qualités, leurs traits de caractère émouvants. Mais, des fois, je me dis qu’on les aime aussi pour de petits détails pas très saillants, pour une pièce de deux francs. 


2 commentaires:

  1. « Pompe...à vélo.» titre de la photo...
    Belle histoire profondément humaine, avec nos tiraillements devant la misère, la pauvreté, l'exclusion...
    Suivre son coeur, oui, toujours. Et ne pas écouter les fausses excuses de notre ego pressé.
    Bravo pour ce texte sensible qui interroge. Tout ce que j'aime.
    ¸¸.•*¨*• ☆

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  2. Oui, notre vie sociale est faite de ces petites scènes, de ces petits incidents quotidiens qui nous interrogent sans cesse et nous obligent à nous positionner. On doit garder les yeux ouverts, le regard vif, sinon, tant de choses peuvent nous échapper. Et il est bon aussi d'être entourée de gens humains, attentionnés, ouverts.
    PS : je vais t'engager comme "intituleuse" de photos, décidément!

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