mardi 13 décembre 2016

Vivre : do not disturb


G. Bellini / Sacra conversazione (détail) / Accademia / Venezia

Au cœur de l’après-midi, un message Whatsapp tombe : Après huit mois de silence, étonnamment aimable, elle prend de mes nouvelles et ajoute : « Moi, je dis à tout le monde que je suis en congé, ce qui coupe court aux persiflages. ». Curieuse expression, vraiment…

A soixante-trois ans, elle s’est vue « mise à la retraite ». Elle se voulait première poule du poulailler, femelle dominante, reine mère. La voilà donc à présent déchue, cette imposante personne, elle qui confondait trop souvent méchanceté avec intelligence et était presque autant crainte par la hiérarchie que par les aides, obligées de faire bouillir la marmite.

C’est un fait : quand le monde du travail salarié s’arrête, on est comme passé au tamis. On se retrouve face à soi, à ses limites, à ses coups d’éclat et à ses actes manqués. On récupère aussi, heureusement, sa part d’enfance, ses rêves, et le désir intact de se remettre à construire passionnément des cabanes. La vie est là qui palpite de toutes parts. Mais si cette existence ne dépendait que d’un statut, d’une fonction, d’une place sociale, alors effectivement, on est obligée de dire qu’on est… en congé, difficile de s’avouer « à la retraite ».

Whatsapp, l’univers des smartphones, je me sens toujours moyennement douée en application(s). Sans en nier l'utilité, elles finissent souvent par m’ennuyer. Elles me distraient du droit chemin, lequel allait, ce jour-là, vers Bellini, le crayon à la main. En conséquence… 

j’ai tout simplement éteint.

2 commentaires:

  1. Oui parfois quelques simples mots suffisent, pour éviter les pourquoi.

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  2. Assumer ma retraite, c'est ce que je fais tous les jours. Quand on me dit : « mais tu aimais pourtant passionnément ton métier » je réponds: "ce n'est pas mon métier que j'aimais passionnément, c'est la vie. Et la vie ne s'arrête pas avec le métier, elle est toujours là, belle et troublante »
    j'adore ta phrase: On récupère aussi, heureusement, sa part d’enfance, ses rêves, et le désir intact de se remettre à construire passionnément des cabanes. Oui, j'adore. Elle me parle au fond des tripes.
    L'autre n'a rien compris à la vie...
    ¸¸.•*¨*• ☆

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