dimanche 20 novembre 2016

Vivre : pépites



De retour là-bas, si près au fond, juste quelques heures de route, mais si loin dans le temps, presque dix ans d'absence, tout de même, comme les années passent vite, pour ce voyage planifié sans sentimentalisme, je tenais à passer dans cette cave prendre quelques bonnes bouteilles de Barolo et de Barbaresco.

Il nous a accueilli, toujours pareil à lui-même, silhouette de garçonnet, sourire malicieux aux lèvres, heureux de vivre, d'être au monde, de travailler sans relâche pour la famille, dans la ronde infinie des jours qui se suivent, sans vrais dimanches pour scander les semaines.

A... près de ... bien soixante-cinq ans, j'imagine, il n'a pas changé : un lumineux lutin. Un cadeau de la vie, quelqu'un qui se nourrit de ce qu'il donne. A son frère aîné, le patriarche donneur d'ordres. A ses neveux, qui ont étudié l’œnologie et en connaissent un bout. A ses deux sœurs, célibataires, comme lui. A ses petits-neveux, jeunes pousses adorées. Aux chiens, aux chats, aux passants, aux visiteurs.

Le plaisir que c'est, de retrouver des gens comme ça. Et une cave, comme ça : toujours les mêmes étiquettes, les mêmes manières de vinifier, les mêmes locaux, pas d’expansion prévue, pas de site attractif mis à jour, pas de dépliants sur papier glacé, juste un panneau, et ces nectars, prélevés au tonneau et tendus avec une humble fierté, un œil brillant.

Plus loin, en ville, le snobisme truffier battait son plein (à se demander comment une terre, si généreuse fut-elle, pouvait produire autant de champignons au mètre carré). Mais la véritable pépite, hors de prix, hors marché, hors spéculations, personne n'avait encore su la dénicher.

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