dimanche 21 août 2016

Vivre : broyer du gris




L'autre soir,  j'ai fait un détour par P. pour accompagner R. à son garage, et de là, le plus pratique était de prendre la route nationale pour rejoindre le lac Léman au bord duquel nous devions dîner.

Nous avons donc parcouru la trentaine de kilomètres qui mène de P. jusqu'aux hauteurs de Lausanne dans la lumière déclinante du jour. Nous avons longé la rivière, parcouru sa vallée étriquée, blême malgré le ciel estival. Quelques entrepôts, quelques fabriques, désaffectées (ou peut-être pas), des maisons ternes disséminées de part et d'autre de la route.

Tout à coup, je me suis demandé si nous étions marqués par les paysages qui nous ont vu naître. J'ai cru saisir l'espace d'un instant ce que pouvait générer le fait d'avoir passé toute son enfance et vécu toute sa scolarité dans cet endroit. Et de continuer de rouler jour après jour, le long de cette route.

Je me suis rappelée de A., si sûre de son droit chemin. Sa fierté d'avoir gradé, comme elle disait. La narration de ses vacances all inclusive. Ses avis péremptoires sur les tablettes (chocolat et Ipad). Et sa silhouette alourdie par le massepain et ses hautes responsabilités.

Il y a des incompatibilités qui sont inévitables. Heureusement.

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