samedi 21 mai 2016

Vivre : send!



Drôles de messages, que les mails qu'on envoie à longueur de journée. Tellement pratiques, vite rédigés, vite envoyés, vite reçus. Accompagnés de liens, de docs joints. Triés, classés par fichiers, On se dit : avec cette rapidité, on va à l'essentiel. On ne fait pas dans le sentiment, ni la dentelle. Fini l'art de la correspondance, les belles tournures. Pourtant, hier, quelle prise de tête que de communiquer ma défection à quelques personnes! Reflet de mon ambivalence, la rédaction de quelques lignes m'a pris des plombes.
Avant, au temps du Crétacé supérieur, je ne gardais aucune copie des lettres que je postais. Avec Outlook, les "envoyés" restent là. Et il m'arrive d'en relire certains, devenus de véritables miroirs. Je parcours le mail adressé à A. en guise de vœux pour 2016. Juste avant mes amicales pensées, j'avais donné de mes nouvelles :
"J’aime de plus en plus voyager. Je me suis aperçue que je lisais de plus en plus de livres parlant de grands espaces, des écrivains voyageurs, des écrivains marcheurs. J’ai toujours mon boulot trois jours par semaine. Mais il prend toujours moins de place dans ma vie : j’ai de moins en moins besoin du travail pour me définir ou me réaliser. Je me tourne vers la création, l’écriture, la nature, les moments de calme et de sérénité, les séances de méditation, la photographie, les expos d’art. Le monde du travail salarié me paraît de plus en plus stressant et dévitalisé. Je fais ce que j’ai à faire, en essayant d'esquiver les ambitieux, les lèches-bottes et les cancans (ce qui représente certains jours un véritable slalom)."
Je ne saurais mieux définir les haut-le-cœur qui me saisissent en pensant à "là-bas", là-bas où j'ai avalé trop de couleuvres et mangé trop de chocolat.

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