vendredi 27 mai 2016

Lire : relectures



Quand on se balade parmi les rayons des librairies, l’avalanche de nouveaux livres et de nouveaux écrivains provoque presque une sensation de vertige. On cherche à lire, quelque chose qui nous touche, qui nous donne à rêver, qui éclaire notre monde. Mais on se retrouve emprunté : comment faire son choix ? A partir des couvertures (toujours plus attractives) ? En se fiant aux échos dans la presse (et à leur subjectivité) ? Selon la tête de l’écrivain (photographié comme un produit) ou suivant le résumé de l’éditeur (toutes les histoires semblant se calquer sur les mêmes modèles) ?

Faut-il lire un écrivain parce qu’on a aimé ses premiers ouvrages ? Un bon écrivain publie-t-il toujours de bons livres ? Ne cède-t-il pas parfois à la pression de produire ?

Je constate que j'achète toujours moins de nouvelles parutions. A la bibliothèque, les nouveautés sont proposées généreusement. Mais souvent après en avoir parcouru le résumé ou lu les premières pages, je repose tous ces livres, avec une impression de déjà lu. Je laisse alors les récits décanter, comme un vin, et, si l’un d’eux surmonte l’épreuve du temps, s’il se rappelle à moi d’une manière ou d’une autre, je me lance à sa découverte avec curiosité.

Je lis donc en décalé et j’aime de plus en plus relire. Les relectures sont rarement des grands classiques, ou des livres réputés, écrits par des auteurs DOP. Ce sont des livres consolatoires et enchanteurs, auprès desquels je me sens chez moi, et qu’il m’arrive de relire, pour certains, une fois ou deux par année.

Je réalise que chaque relecture est une découverte. Les mots imprimés à l’intérieur sont peut-être toujours les mêmes, mais moi, j'évolue avec le temps, et mon regard de lectrice se modifie avec lui. Je reste toujours éblouie par l’histoire, le style, l’atmosphère.

Durant ces relectures, j'évolue en parfaite liberté, je saute des passages, je vais directement à un chapitre qui m’appelle juste à ce moment-là. Connaissant bien le contenu, j’y circule comme dans une maison amie, où j’ai mes habitudes.

Comme deux amis qui se rencontrent, mais, alors qu’il est d’usage de s’exclamer Tu n’as pas changé !, je constate l’empreinte du temps, mais cette empreinte n’a rien de désagréable, au contraire, c’est comme si à chacun de mes passages, le livre me devenait plus cher. Tu as changé et j’ai changé. Et comme c'est agréable de faire ensemble un bout de chemin. 

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